dimanche 13 avril 2014

Cap sur les Caraïbes

Le plus dur dans la navigation, ce n'est pas tant le mal de mer qui n'est qu'un état passager, mais les relations humaines. Le voilier est un huit clôt qui impose à des personnes qui n'ont parfois aucune affinité à co-habiter dans un espace minuscule. 2 solutions se profilent alors : accepter les remarques du capitaine et jouer l'hypocrisie pour continuer le voyage dans de bonnes conditions ou lui balancer ses 4 vérités en face et prendre la sortie de secours quand il y en a une. Les escales sont de véritables bouffées d'oxygène lorsque l'atmosphère devient trop oppressante et nous apprécions ces dernières excursions en Amérique du Sud avant de quitter définitivement le continent. Cap sur les Caraïbes!


A Jacaré, nous retrouvons le monde des marins : univers peuplé de vieux loups de mer souvent imbus d'eux-même, égoïstes, lourds, alcooliques, bornés... Et en plus de tous ses glorieux attributs, Jeff, notre capitaine s'avère aussi être un maniaco-dépressif. 
Rester courtois, faire semblant de s'intéresser aux conversations à sens unique sur les prouesses sexuelles de Monsieur ou sur ses opinions politiques ("de toute manière, les écolos, c'est de la merde!!": quelle fine analyse!!) relèvent d'un dur travail de self-control.

C'est bien, vidange avant de prendre les commandes! Et Max, si on en profitait pour le balancer par dessus bord?

Personne n'est parfait sauf  le capitaine!

Et pour ne pas arranger les choses, le climat nous joue des tours avec des grains fréquents : vents violents, pluie diluvienne et houle bien formée. Et le ciel qui reste obstinément gris et nous retire le plaisir d'admirer les ciels étoilés pendant nos quarts de nuits.

Une nuit, nous cédons à la tentation d'ouvrir le hublot pour renouveler l'air étouffant et moite de notre cabine. Et voilà qu'une grosse vague en profite pour s'engouffrer par l'étroite ouverture. 50 litres d'eau se déversent dans la cabine. Résultats de la catastrophe : le matelas est trempé, les livres foutus, l'ordi endommagé. L'eau s'est même infiltré sous le plancher en inondant les caisses de pièces de rechange du capitaine... Nous lui donnons une belle occasion de faire exploser sa fureur. Bien sûr, nous nous confondons en excuses et essayons de réparer les dégâts. Il faut agir vite : l'eau salée est impitoyable et attaque les tissus, l'électronique, l'acier... Nous limiterons la casse et Jeff n'aura pas de frais supplémentaires. 

Il nous faudra 9 jours pour rejoindre la Guyane française. Nous voilà de retour en France!! Nous y faisons la connaissance de 2 norvégiens sympathiques qui font route vers les Caraïbes (tiens, tiens...). Nous allons ensemble visiter les alentours et avons la chance d'assister à un lancement de la fusée Ariane 5.

La Guyane française et les îles du salut d'où s'est enfui Papillon.
Max l'aveyronnais et Asgeir le viking dans la jungle guyanaise
En métropole aussi il y a des marchés mais c'est quand même plus exotique ici!
Et l'homme ne se contente pas de cette planète devenue trop étroite pour lui...
...Il veut maintenant conquérir l'espace.
Le tir est fulgurant : en quelques secondes, le projectile est déjà hors de vue. Encore un satellite de plus qui va encombrer l'orbite surchargée de notre petite planète au service de la télécommunication. Soit, nous lui sommes pourtant reconnaissants de pouvoir être en contact avec vous!

Le ciel s'embrasse tandis que la fusée de 772 tonnes est projetée dans les airs.

Les 4 jours en Guyane auront été vraiment trop courts pour pouvoir se faire une idée du territoire qui n'a pas grand chose à voir avec la métropole, mis à part la queue interminable à la poste et la foule qui investit le bureau de polemploi... 
Le dernier soir avant de partir, le capitaine rentre saoul de son expédition de l'après-midi et nous incendie sans raisons : "vous avez écouté la musique toute l'après-midi, les batteries sont à plat vous commencez vraiment à me casser les couilles : je vous débarque dès qu'on arrive à Trinidad et Tobago"!! Nous restons interdits devant tant de violence! Les batteries ne sont pas descendues au-dessous de 12 Volts, la limite qu'il nous avait fixé et nous n'avions pas écouté la musique mais travaillé à la rédaction d'un article sur l'ordinateur.

Nous n'attendrons pas d'être arrivés à Trinidad et Tobago pour changer de bateau : il n'a qu'à traverser la zone de piraterie tout seul!! Arrivés au Suriname, nous contactons les norvégiens pour qu'ils nous prennent à leur bord jusqu'aux Caraïbes. Nous faisons nos bagages et embarquons avec les descendants des vikings!

Notre issue de secours, c'est Tor qui nous accepte à son bord et nous lui en serons infiniment reconnaissants

Le Suriname est un pays fascinant où vivent ensemble de nombreuses ethnies : amérindiens, chinois, noirs et hindous. Les mosquées côtoient les églises et les synagogues, la nourriture est épicée et souvent accompagnée de sauce soja.


Les maisons du centre de la Capitale sont une fusion de l'architecture hollandaise avec le matériel de construction local par excellence : le bois.
C'est la 1ère fois que nous apercevons des mosquées dans un continent aussi chrétien que l'AM
La cuisine ici est aussi variée que les religions : nous nous régalons!
Nous avons parfois l'impression d'être en Inde, d'autres fois en Chine ou encore en Afrique.

Nous sommes frustrés de ne pas pouvoir partir à la découverte de l'intérieur de terres, difficilement accessible et de n'avoir que très peu de temps pour visiter ce curieux pays. Nous nous décidons à payer pour une sortie touristique organisée dans un village d'une communauté marrons (village fondé par les esclaves en fuite et aujourd'hui peuplés de leurs descendants).
Erreur! Quelle horrible sensation que d'être trimbalés avec un groupe de bourgeois hollandais à la peau blanche translucide dans un village où les habitants sont obligés de se donner en spectacle pour satisfaire les touristes.

Comme tous les touristes de notre canoë à moteur, nous prenons les photos des habitants des berges, surpris dans l'intimité de leurs tâches quotidiennes.

Les enfants du village nous font une superbe démonstration de danse africaine

Au rythme entraînant des djembé, j'ai les jambes qui me démangent et c'est à mon tour de leur faire une démo! 
Les petits du village sont sensibles à nos effort pour combler le fossé entre nos 2 mondes. 

Tor lance le départ alors que nous avons vraiment l'impression de ne pas avoir assez profité de ce pays aux multiples facettes. Mais c'est la contrainte du bateau-stop et nous nous préparons à partir, contents d'avoir changé de bateau et de capitaine.

La nouvelle équipe de choc : Asgeir et Tor, 2 sympathiques vickings 
Avant même de sortir du canal, Asgeir se met au fourneau et nous prépare des crêpes.

En tout cas, l'ambiance à bord nous change : les 2 font tout pour rendre la navigation agréable. Asgeir nous joue des airs de guitare et Tor nous explique patiemment quelques techniques de navigation. Le soleil est de la partie et le ciel brille de milles étoiles la nuit. Pour couronner le tout, Tor nous fait l'immense faveur de nous emmener jusqu'en Martinique au lieu d'aller directement sur l’île de Barbados comme il l'avait prévu à l'origine!! Cap sur la Martinique

4 commentaires:

  1. ça se rapproche, on dirait ! Vous allez revenir pile pour les vacances...

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  2. on se régale toujours des photos
    bientôt le départ , et 1 bon mois pour traverser:
    pour l'arrivée à Nantes je serai présent (sauf imprévu)
    au débarquement
    f

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    1. ça sera une joie de te voir à notre arrivée grand tonton! Merci milles fois de nous avoir soutenus jusqu'au bout avec tant d'assiduité! Bisous

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  3. hola hola hola chicos tanto tiempo aun los sigo titi

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